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Lyon, inscrite dans le passé, engagée dans le futur – Magazine Economie & Construction

Située au confluent du Rhône et de la Saône, entre le massif central et le massif alpin, la ville de Lyon occupe une position stratégique dans la circulation nord-sud en Europe.

Sky 56, bâtiment regroupant bureaux, commerces et services. Thierry Fournier

Ville commerçante et place financière de premier ordre depuis la Renaissance, Lyon est également la 3e commune de France, avec 528 065 habitants, le siège de la métropole de Lyon et la deuxième ville étudiante. Aujourd’hui encore, la ville a conservé un patrimoine architectural important et, à ce titre, les quartiers du Vieux Lyon, de la colline de Fourvière, de la Presqu’île et des pentes de la Croix-Rousse sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, titre dont la ville a fêté le 20e anniversaire cette année. En collaboration avec la Métropole de Lyon, la ville est engagée dans la réalisation de grands projets de rénovation, tout en tenant compte des critères d’économie d’énergie et de préservation du patrimoine. Il était donc logique qu’elle accueille cette année le 7e Congrès national du bâtiment durable.

Entretien avec Georges Képénékian, Maire de Lyon

Économie & Construction / Vous avez été élu Maire de Lyon en juillet 2017, après avoir été premier adjoint au Maire chargé de la culture. Quel est votre premier bilan au bout d’un an ?

Georges Kepenekian / Récemment, on m’a posé la question suivante : « Si on considère que Gérard Collomb, votre prédécesseur, a été un bâtisseur, comment vous définiriez-vous ? ». Je me considère comme un « continuateur », selon la formule de Jaurès,qui disait : « D’abord continuer, puis commencer ». Depuis 2001, cette ville s’est transformée, avec une forte accélération impulsée par Gérard Collomb, que je souhaite poursuivre. Penser la ville de 2040, c’est se poser de nouvelles questions. Avec mon exécutif, nous sommes en train d’imaginer ce que seront les problématiques à la fois économiques, écologiques, environnementales mais aussi sociales des prochaines décennies. Si nos grandes villes ne trouvent pas un équilibre, où chacun puisse trouver sa place au sein de la cité, ça sera un échec. Pour moi, toutes ces questions sont centrales.

É&C / Actuellement, vous avez de nombreux projets de construction en cours à Lyon.

G. K. / En effet, de grands projets ont été lancés en collaboration avec la Métropole de Lyon : la refonte du quartier de La Part-Dieu, l’inauguration de l’îlot A3 du quartier de La Confluence, de nouvelles constructions sur le quartier de La Duchère, de Lyon Mermoz, de Gerland qui va accueillir un grand pôle sportif et l’école de management de Lyon. Il faut aussi faire évoluer le patrimoine de la ville. À ce titre, nous avons inauguré la restauration et la transformation du Grand Hôtel Dieu (voir encadré p. 19), les travaux sur le cœur de presqu’île de la place des Terreaux jusqu’à la place Carnot, et la transformation de la gare de Perrache. Depuis les trentes dernières années, plusieurs maires se sont succédé à Lyon, de différentes colorations politiques. Aucun n’a déconstruit ce que son prédécesseur avait initié. Il y a une formidable continuité, qui fait partie de l’ADN de la Ville de Lyon, et dans laquelle je souhaite m’inscrire.

É&C / Dans tous ces projets de construction ou de rénovation, quel est le secret pour arriver à concilier passé, présent et futur ?

G. K. / Dans une autre vie, où j’étais médecin chirurgien, j’ai eu la chance, à la fin des années 90 jusqu’à 2002, de participer à la reconstruction d’un hôpital, et de réfléchir au rôle joué par l’hôpital dans la cité, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours. J’ai beaucoup travaillé avec les économistes de la construction sur cette question, et j’ai d’ailleurs découvert le rôle du programmiste, qui nous a permis de nous projeter et d’imaginer l’hôpital du XXIe siècle. À l’époque, j’avais visité beaucoup d’hôpitaux neufs… mais quelque part déjà très vieux ; parce qu’il faut en moyenne 15 ans entre le moment où on décide de faire des travaux et le moment où ils sont réalisés. Et surtout parce que beaucoup de bâtiments neufs ne prennent pas en compte le devenir de ce qui a été reconstruit.

Bâtiment Sky avenue, Thierry Fournier

É&C / La ville de Lyon va accueillir le 7e Congrès national du bâtiment durable, les 17 et 18 octobre prochains. Pourquoi ce choix ?

G. K. / La Ville de Lyon s’est engagée en 2008, avec plus de 6 000
villes d’Europe, à réduire d’au moins 20 % les émissions de gaz à effets de serre, d’ici 2020. En 2013, Lyon a adopté son premier « Plan climat énergie », dans lequel nous avons fixé nos objectifs à 2020 et, de ce fait, défini un programme d’actions sur les thèmes du « patrimoine » et du « service ». Et nous avons d’ailleurs obtenu le label Cit’ergie 1. Depuis des siècles, et notamment depuis la Renaissance, Lyon est une ville où l’innovation a toujours été bien accueillie, et souvent associée à une innovation sociale, avec une vision globale de l’évolution de la cité. Par exemple, en 2013, une de nos écoles a été mise en énergie positive, et on a installé une chaufferie bois dans le groupe scolaire Laborde. On a également construit un gymnase avec une ossature entièrement en bois, et une isolation en paille, dans le 7e, ce qui nous a valu de remporter le Prix national de la construction en bois. Enfin, on a réalisé la rénovation énergétique du musée des BeauxArts, et on est en train d’installer du photovoltaïque sur le toit de deux écoles. Il était donc tout à fait légitime pour nous d’accueillir le 7e Congrès national du bâtiment durable à Lyon.

É&C / La notion de « durabilité » et le fait d’apporter du « mieux vivre » à vos concitoyens semblent être les fils conducteurs de tous les projets de construction actuels et à venir.

G. K. / On est très soucieux, comme dans d’autres villes, de « construire la ville sur la ville ». On essaye à la fois d’améliorer notre bâti et de prendre en compte les critères d’économie d’énergie, comme dans les immeubles à énergie positive de Confluence, réalisés avec nos amis japonais du Nedo 2. Nous sommes également fiers d’être la plus grande ville à avoir obtenu le label « 4 fleurs ». C’est une reconnaissance de notre stratégie en matière d’espaces verts, de leur insertion dans la ville, de notre gestion de l’eau de pluie. Il n’y a pas un habitant de Lyon qui soit à plus de 300 mètres d’un espace vert. Dernier exemple, quand on a inauguré le parc Zénith dans le 3e arrondissement, on a initié une étude d’impact santé, pour mesurer l’impact qu’aura ce parc au fil des années au niveau de la santé des habitants du quartier.

Bâtiment Sky 56

É&C / On retrouve ici votre préoccupation d’ancien médecin.

G. K. / On n’est jamais ancien médecin, on le reste à vie. Un jour, je me suis fait la réflexion que la cité était comme un corps vivant, avec des problèmes qu’il faut essayer d’anticiper, des maladies chroniques qui faut savoir traiter, des maladies aiguës qu’il faut gérer rapidement. Finalement, le plus important est de faire le bon diagnostic. Quand j’étais médecin, mes outils étaient le scanner, la biologie. Maintenant j’ai d’autres outils, et les problèmes à traiter sont différents, mais la démarche est fondamentalement la même. Le pire c’est de donner un traitement sans faire de diagnostic.

É&C / Le 22 mars, vous avez organisé le lancement du 20e anniversaire de l’inscription de Lyon au patrimoine mondial de l’humanité à l’UNESCO. Comment faites-vous pour conserver ce patrimoine, tout en le rendant vivant et tourné vers le futur ?

G. K. / En 1962, la mairie envisageait de détruire une partie du Vieux Lyon. Quelques citoyens se sont élevés contre ce projet, en créant « Renaissance du Vieux-Lyon ». Et en 64, quand Malraux lance sa loi de protection du patrimoine, Lyon s’inscrit déjà dans cette dynamique. Il faudra attendre 98 pour qu’un nouveau travail soit mené, et que l’UNESCO, qui jusque-là classait des monuments, accepte de classer un ensemble de bâtiments. Pour l’UNESCO, un patrimoine n’est pas fait pour rester « sous cloche ». Il doit pouvoir évoluer, sans perdre l’essence même de son histoire. Tous les cinq ou six ans, l’organisation envoie des inspecteurs qui vérifient si le patrimoine ne se dégrade pas, mais également si le reste de la ville n’est pas en opposition avec la partie classée. À Lyon, nous construisons et rénovons avec la même optique : préserver notre passé tout en regardant vers l’avenir.

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